,

David Beckham, entre disputes, chaussure dans la tronche et serre-tête.

David Beckham, l’arcade marquée par la chaussure reçue (Crédit : Getty Images)

Le 15 février 2003, Manchester United s’inclinait sur la pelouse d’Arsenal pour le 3e tour de FA Cup. Un match classé dans la rubrique “à oublier”, du moins si Sir Alex Ferguson n’avait pas eu l’idée de marquer une nouvelle fois de son empreinte l’histoire du club.

UN REPLI DÉfensif trop mou, L’ERREUR DE TROP

Dans la carrière de Sir Alex Ferguson, les moments d’explosion, de perte de contrôle et de coup de sang sont rares. Réputé pour son flegme et son calme, son attitude sur le bord du terrain était souvent synonyme de douceur. Bon… On a tenu deux lignes, on va stopper ce mauvais épisode de Docteur Strange et reconnaître que quand il s’agit d’incendier ses joueurs, le Boss n’est pas le dernier. Ses coups de gueule légendaires à 20 centimètres du visage de son interlocuteur lui ont forgé une solide réputation et un caractère bien trempé.

En cette saison 2002/03, David Beckham commence l’exercice doucement, ayant eu un os du pied fracturé en avril 2002. Un nouveau contrat est signé durant l’été, lui garantissant le plus gros salaire du club et une part de ses droits à l’image. Sur le terrain, l’attitude jugée parfois dilettante du Spice Boy agace. C’est dans ce contexte qu’intervient le match du 3e round de FA Cup, le 15 février 2003.

À la sortie de cette rencontre face à Arsenal, perdue sur le score de 2-0, un homme est clairement dans le viseur du Gaffer : David Beckham. La faute à un repli défensif particulièrement brillant par sa passivité sur le deuxième but encaissé, permettant à Sylvain Wiltord de doubler la mise.

Dans les vestiaires, furieux et révolté, Ferguson frappe dans une chaussure qui atteint Beckham au-dessus de l’œil gauche. Un événement qui signe un tournant dans la carrière de la coqueluche du football anglais.

« Il était environ à 3-4 mètres de moi. Entre nous, sur le sol, trainait une rangée de chaussures. David jurait. Je me suis avancé vers lui et, au moment où j’approchais, j’ai shooté dans une chaussure qui l’a touché juste au-dessus de l’œilBien sûr, il s’est levé pour se lancer sur moi et les autres joueurs l’ont arrêté. « Assieds-toi », lui ai-je dit. « Quoi que tu puisses dire, tu as laissé tomber ton équipe !»

Sir Alex Ferguson, Mon Autobiographie, 2014

Rupture totale et divorce

En 2003, David Beckham compte 6 Premier League, 1 Ligue des Champions, 1 Coupe Intercontinentale, 2 FA Cup et 2 Community Shields. Formé au club, il a gagné au fil des années en aura sur et en dehors du terrain. Et s’il a bien appris une chose durant tout ce temps, c’est l’art et la manière de gérer sa communication. Alors lorsqu’il est convoqué le lendemain par Ferguson, il ne dit rien.

Alex Ferguson : Le Meilleur Des Football Managers ?
crédit : Andy Hooper

L’affaire, quant à elle, est porté aux oreilles de la presse qui se délecte de ce type de scandale. La rupture est totale entre le numéro 7 des Red Devils et son Manager. Problème : à Manchester United, Sir Alex Ferguson est tout-puissant. Devant “Becks” qui affiche ouvertement sa cicatrice en arborant un serre-tête de circonstance les jours suivants, la décision est prise. Son ailier doit quitter le club.

« Je l’ai appelé le lendemain pour visionner la vidéo mais il n’acceptait toujours pas son erreur. Il m’écoutait sans dire un mot. Pas un mot. « Comprends-tu pourquoi nous en avons après toi ?», lui ai-je demandé. Il ne m’a même pas répondu. Le jour d’après, cette histoire était dans la presse. En public, son serre-tête mettait en évidence le coup reçu. C’est à ce moment-là que j’ai dit au conseil d’administration que David devait partir. (…) À la minute où un joueur de Manchester United pense qu’il est plus important que le manager, il doit partir. David (Beckham) a pensé qu’il était plus important qu’Alex Ferguson. Cela a sonné le glas pour lui. » 

Sir Alex Ferguson, Mon Autobiographie, 2014

ÉTÉ 2003, un dÉpart ET DES REGRETS

David Beckham, Manchester United ’99 Legends – FC Bayern Legends, 26 mai 2019. (Crédit : Matthew Ashton – AMA/Getty Images)

L’été suivant, David Beckham signe au Real Madrid pour la somme de 23M€. Ce transfert laissera de gros regrets à tout le peuple Red Devil. Il ne foulera la pelouse d’Old Trafford que 7 ans plus tard, avec l’AC Milan. Ce départ marque l’un des ‘What if’ les plus fascinants de l’Histoire du club, tant Beckham aura laissé une marque indélébile sur toute une génération de supporters.

À l’issue d’une carrière tout à fait honorable, David Beckham se sera réconcilié avec celui qui lui aura ouvert la porte à ce grand parcours. Old Trafford lui aura arraché des larmes d’émotions, tant l’amour et la reconnaissance pour l’enfant du club est grande. Lui qui avait tout pour devenir l’un des noms les plus illustres de l’Histoire de Manchester United, il n’aura laissé en définitive qu’un goût amer d’inachevé. Retraité depuis 2013, il reviendra 4 ans plus tard, non sans une pointe d’humour, sur cet événement qui aura fait basculer sa carrière :

«Quand on disputait un match de Ligue des champions, le boss (Sir Alex Ferguson) voulait venir sur le terrain, prendre des penalties, tirer des coups francs. Il nous disait à quel point il était bon quand il jouait. Il nous racontait les buts qu’il avait marqués, des choses comme ça. Un jour, j’ai réalisé à quel point il était bon. Nous jouions contre Arsenal. J’avais fait pas mal d’erreurs lors de cette rencontre. Il est venu dans le vestiaire, il parlait, il a commencé à venir vers moi et a frappé dans une pile de vêtements, qui étaient sur le sol. Et je me suis pris cette chaussure. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point il était précis»

David Beckham.

Sources : manutd.com, Sir Alex Ferguson ”Mon autobiographie”