RECRUTÉ CONTRE DES GLACES !
Dans l’histoire du football, plusieurs méthodes sont bonnes pour recruter des joueurs d’un autre club. Somme d’argent, échange de joueurs, prêts, pots de vin,… ou même des glaces ! Tel a été le moyen inimaginable aujourd’hui pour recruter Hugh McLenahan en 1927.
PRODUIT LOCAL
Hugh McLenahan est né à West Gorton, un quartier situé dans le centre de Manchester. Formé en tant que milieu de terrain à l’ancienne (demi-centre), ”Hughie” a débuté sa carrière du côté de Blackpool avant de signer un contrat amateur avec Stockport County en février 1927. Le jeune adolescent devenait alors une véritable révélation des Hatters et attire l’oeil de quelques clubs dont Manchester United. À cette époque, les Mancuniens étaient sous la gestion d’Herbert Bamlett, cet ancien arbitre, fraîchement arrivé depuis 1 mois à la place de Lal Hilditch qui occupait jusque-là le double rôle d’entraîneur joueur.
McLenahan souhaitait découvrir les plus hautes divisions et n’était pas contre un départ, lui qui évoluait dans un club de Stockport qui connaissait de grandes difficultés financières. Afin de combler le déficit budgétaire, la franchise issue du Grand Manchester réalisait alors diverses collectes de fonds en organisant notamment des bazzars.
Prenant conscience de la situation, les dirigeants de Manchester United eurent alors une brillante idée…
Des frigos à glace comme monnaies d’Échange
Louis Rocca, directeur adjoint du club – celui qui avait émis l’idée de renommer le club ”Manchester United” en 1902 – était issu d’une famille qui dirigeait une glacerie connue dans la région et située de le quartier de Newton Heath. Aujourd’hui, des centaines de millions d’euros sont nécessaires pour recruter un seul homme. À l’époque, l’idée de proposer 2 congélateurs à glaces aura été suffisante. Un cadeau inhabituel offert par le club qui a servi d’arrangement avec les dirigeants de Stockport qui ont finalement accepté de laisser partir Hugh McLenahan.
“Ma grande-tante Ethel a toujours dit qu’il s’agissait de deux congélateurs de crème glacée. Nous ne savons pas quelle était la taille des congélateurs ni combien de bacs. Mon grand-père en riait toujours. C’est une grande différence par rapport à l’argent fou qu’ils dépensent pour les joueurs ces jours-ci.”
Geoff Rushton, petit-fils de McLenahan (interview MEN)
UN PARCOURS MITIGÉ
Malheureusement, le parcours du milieu de terrain anglais n’est pas des plus impressionnants. Plutôt utilisé comme un élément de rotation dans l’équipe qui luttait désespéremment pour ne pas descendre en seconde division en 1927-1928, il finit par se brisser la jambe lors du 2e match (0-0 contre Aston Villa) de l’entame du début de saison 1928-1929.
Il faudra attendre plus d’un an avant de le voir revenir à la compétition. Repositionné comme attaquant l’année de son retour, il réalise une très belle série de 6 buts en 5 matchs consécutifs en avril 1930, permettant à Manchester United de se sauver une nouvelle fois de la descente au second échelon.
Cependant, cette performance ne lui permet pas de gagner du crédit aux yeux du club qui vit une période tès compliquée, subissant de plus en plus la perte de John Henry Davies (proprétaire du club qui l’a sauvé de la déroute financière en 1902) décédé quelques années plus tôt en 1927. La stabilité financière est en périle et les résultats sont de plus en plus catastrophiques, poussant le club à une inévitable relégation en 1931.
Malgré sa polyvalence, “Hughie” ne parvient pas à se frayer un chemin dans cette équipe qui évolue désormais au second échelon sous la nouvelle gestion de Scott Duncan. Néanmoins, il a eu l’honneur de porter le brassard de capitaine à de rares reprises. Finalement, après 9 saisons, 116 apparitions et 12 buts inscrits, Hugh McLenahan est vendu à Notts County en décembre 1936 contre une somme à hauteur de 1000£.
Une belle plus-value quand on connaît désormais le moyen qui a été utilisé pour le recruter 9 ans plus tôt !
Sources : manchestereveningnews.co.uk, ”the official Manchester United players’ A-Z”, Ian McCartney, ”The Official Manchester United Almanac”, John White
