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MUNICH 58 : 06 FÉVRIER 1958, UN JOUR À JAMAIS DANS LES MÉMOIRES

Crédits : AFP via Getty Images

06 février 1958… Une date qui restera à jamais dans les mémoires des supporters de Manchester United où 23 personnes dont 8 joueurs décèderont dans un crash d’avion à Munich. Voici un dossier complet où nous vous expliquons tout de cet évènement tragique.

cHAMPIONS EN TITRE ET ESPOIRS EUROPÉENS

Notre dossier commence en février 1945, lorsque Manchester United annonçait la nomination de Matt Busby sur le banc du club, bien qu’il n’entre en fonction officiellement que huit mois plus tard. L’Ecossais va exiger un niveau de contrôle sans précédent sur la sélection de l’équipe, les transferts des joueurs et les séances d’entraînement. Ce qui constitue une véritable révolution à Manchester United mais aussi dans le paysage du football anglais. Une nouvelle directive efficace qui mène l’équipe à la deuxième place de la League Division One en 1946/47, 1947/48 et 1948/49, et à la victoire de la FA Cup en 1948 (premier trophée majeur du club depuis 37 ans). Dans la continuité de cette évolution, le club remporte enfin le championnat en 1951/1952, son premier depuis 41 ans.

Glory Days: The story of Man Utd's 1956/57 title win | Manchester United
Manchester United 1956-1957 (Crédits : Popperfoto via Getty Images)

L’équipe récidive quelques saisons plus tard avec deux titres consécutifs en 1956 et 1957. Avec une moyenne d’âge de 22 ans, les médias renommaient cette jeunesse gagnante les “Busby Babes”, en témoignage de la confiance de Matt Busby envers ses jeunes joueurs, qui avaient progressivement remplacé les plus âgés qui ont été les grands acteurs des succès des années 40s/début 50s, comme Johnny Carey, Jack Rowley, Stuart Pearson, John Aston Snr ou encore Allenby Chilton. En 1956/57, Manchester United est devenue la première équipe anglaise à participer à la Coupe d’Europe nouvellement créée un an plus tôt, malgré les objections de la ‘’Football League’’ qui avait refusé cette opportunité à Chelsea (champion en 1955) 1 an plus tôt, de peur de faire de l’ombre à la compétition phare du pays. Sur la route des demi-finales, un stade où ils perdent contre le géant Real Madrid (3-1, 2-2), les Red Devils ont enregistré une victoire 10-0 au retour à Old Trafford (aller 2-0) sur les champions de Belgique Anderlecht. Ce fût la plus grande victoire du club jamais enregistrée dans la compétition, et qui est considérée comme étant un « chef d’œuvre » des Busby Babes.

Malgré une fin de saison qui a vu la bande à Busby perdre en finale de la FA Cup en 1957 face à Aston Villa dans des circonstances rocambolesques (le double buteur des Villans Peter McParland blessa au bout de six minutes le gardien de United Ray Wood, laissant le milieu Jackie Blanchflower dans les cages pendant presque tout le reste du match), les ambitions de Manchester United sont très élevées à l’entame de cette saison 1957/58 : remporter un 3e titre consécutif alors que le club s’est établie depuis une décennie comme l’ogre du Royaume; bien figurer en FA Cup; mais surtout conquérir l’Europe avec sa jeune garde. 

D’abord, la revanche est prise sur Aston Villa avec la victoire en Charity Shield (4-0), alors que MU commence tambour battant la campagne en championnat en remportant 5 des 6 premières rencontres. Ensuite, un parcours irrégulier s’enchaine avec plusieurs défaites (7) mais à partir de mi-décembre et jusqu’à début février, l’équipe reste invaincue pour être positionnée à la 3e place du classement derrière les Wolves et Preston North End. Les 3e et 4e tour de FA Cup sont passés sans encombre (face à Workington 3-1 et contre Ipswich 2-0), alors qu’en Coupe d’Europe, là où Busby aspire a de grandes attentes, tout est aussi au vert : MU n’a fait qu’une bouchée des Irlandais du Shamrock Rovers (0-6, 3-2) en tour préliminaire, et a éliminé le Dukla Prague malgré la défaite en Tchécoslovaquie au retour (3-0, 1-0).

À partir de janvier 1958, la dynamique est donc excellente sur tous les fronts. Les buteurs et cadres de l’équipe sont en forme (Tommy Taylor, Duncan Edwards, Dennis Viollet, Billy Whelan, David Pegg, Bobby Charlton…) et Manchester United vient de remporter le match aller de son quart de finale de C1 face à l’Etoile Rouge Belgrade à Old Trafford (2-1) grâce à des réalisations de Bobby Charlton et d’Eddie Colman en deuxième période, annulant l’ouverture du score du milieu Lazar Tasic peu après la demi-heure de jeu. Ne reste plus qu’à valider la qualification en Yougoslavie ce 05 février 1958…

DÉPLACEMENT À BELGRADE

Manchester's trailblazing Babes and a legacy cut short
Les Busby Babes avant le match contre l’Étoile Rouge Belgrade (Crédits : Ivan Blazovic/Getty Images)

Avant le départ pour Belgrade, il y avait d’abord ce déplacement à Highbury à bien négocier pour rester en course pour le titre. Ce 1er février 1958, soit quatre jours avant le retour face à l’Etoile Rouge, les Red Devils sont à Londres pour disputer une rencontre de championnat face à Arsenal, comptant pour la 28e journée. Les hommes de Busby offrent ce jour-là un feu d’artifice offensif et, pour certains, l’un des plus beaux matchs de l’histoire du football anglais. Face à plus de 63 000 personnes massées dans le vieil Highbury, les Busby Babes vont s’imposer 5-4 à l’issue d’une rencontre complètement folle, avec un doublé de Tommy Taylor, un but de Charlton, un pétard de Duncan Edwards et un dernier de Dennis Viollet. De quoi se mettre dans de bonnes conditions pour tenter de valider la qualification pour les demi-finales de C1 en Yougoslavie face à l’Étoile Rouge de Belgrade.

Le XI du 05 février : Gregg; Foulkes, Jones, Byrne, Colman, Edwards; Morgans, Charlton, Taylor, Viollet, Scanlon

C’est sur un terrain d’herbe qui présentait encore les traces de la fonte des neiges tombées les jours précédents, devant plus de 52 000 personnes au JNA Stadium (habituel stade du Partizan mais utilisé par l’Etoile Rouge pendant la construction de leur Red Star Stadium), que les hommes de Matt Busby devaient assurer leur avance et la qualification en demi-finale. Après seulement 2 petites minutes de jeu, Dennis Viollet part sur un 1 contre 1 et pousse le ballon dans le but de Vladimir Berea, surpris. Avec ce premier but, les Mancuniens ont désormais une belle avance de 3-1 avec l’accumulation des deux rencontres.

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Bobby Charlton en action (Crédits : Popperfoto via Getty Images)

C’est ensuite au tour du jeune Bobby Charlton de s’illustrer. Titularisé pour l’occasion, le jeune attaquant anglais va d’abord se distinguer avec une frappe décochée depuis l’extérieur de la surface pour le 2-0 (4-1), avant d’inscrire un doublé une minute plus tard en reprenant face au but vide une frappe de Viollet déviée par le gardien de l’équipe locale.

Avec cette avance de 3-0 à la mi-temps dans cette rencontre, le plus dur a été fait et les Red Devils peuvent engager la seconde période plutôt sereinement. Néanmoins, l’Étoile Rouge n’a pas encore dit son dernier mot. L’attaquant Bora Kostic se distingue d’une frappe du gauche à ras de terre des 20 mètres, puis Lazar Tasic (buteur à l’aller) sur penalty redonnent de minces espoirs au retour des vestiaires en réduisant le score de cette rencontre à 2-3. Poussés par son public qui reprend vie, les Yougoslaves multiplient les assauts, mettant à l’agonie les défenseurs de United qui peinent à sortir de leur camp. Suite à une faute du gardien Harry Gregg à l’entrée de la surface, Kostic envoie une merveille de coup-franc du gauche dans la lucarne mancunienne pour revenir au score et faire espérer le JNA Stadium d’un authentique exploit, après trois buts marqués en 15 minutes, juste avant l’heure de jeu. Malmenés, secoués, faisant bloc devant leur but face aux assauts yougoslaves, la bande à Busby va finalement tenir bon pour obtenir le match nul (3-3), non sans s’être fait peur après cette entame de seconde période catastrophique et trois buts d’avance remontés.

Avec un score de 5-4 sur l’ensemble des deux confrontations, l’essentiel a été acquis et comme la saison précédente, Manchester United se retrouve dans le dernier carré de la C1.

crédits : unitedpubru

15H03, L’HEURE DU DRAME

Le lendemain de leur qualification en demi-finale, il est temps de rentrer à Manchester. Toute l’équipe et quelques autres passagers montent à bord du vol 609 – British European Airways à l’aéroport de Belgrade. Vers 13h15, l’avion doit faire une brève escale à Munich afin d’effectuer un ravitaillement de carburant. C’est à partir de ce moment-là que les complications vont arriver…

Après le réapprovisionnement, deux tentatives de décollage ont été faites mais sans succès suite à des problèmes de moteur. Dans le même temps, une neige abondante fait son arrivée, forçant les voyageurs à devoir rentrer à l’aéroport. Le départ est alors prévu au lendemain.

Few players and staff members of the Manchester United football team, and sport journalists prepare to board, in February 1958 in Manchester, the BEA...
L’embarquement à Munich (Crédits : AFP via Getty Images)

Duncan Edwards envoie un télégramme à sa femme : “Tous les vols sont annulés, nous décollerons demain. Duncan”.

À 15h03, le pilote James Thain et son copilote Kenneth Rayment veulent absolument respecter l’horaire de décollage initial et décident d’effectuer une 3e tentative. Tous le monde rembarque dans l’appareil qui se dirige alors tout droit vers le drame…

Harry Gregg “Nous n’avions échoué deux fois pour décoller et aucun d’entre-nous de voulait remonter dans l’avion”.

Liam Whelan qui n’était pas très confiant aurait même déclaré : ”C’est peut-être la mort qui nous attend mais je suis prêt”.

Liam Whelan avait raison de se méfier… Une épaisse couche de neige avait recouvert la piste. Cette condition n’a pas pu permettre à l’avion d’atteindre une vitesse suffisamment élevée pour décoller mais l’appareil devenait peu à peu incontrôlable sur la piste glissante. Par conséquent, l’avion vient à déraper et finit par sortir de la zone de décollage, terminant sa course dans une maison voisine. Des flammes épaisses commencent à se développer sur l’engin qui est alors découpé en plusieurs morceaux.

“Alors que nous accélérions sur la piste, quelque chose m’a dit que nous n’allions pas y arriver. Mon dernier souvenir est d’avoir poussé un paquet de cartes dans ma poche. Mon souvenir le plus étrange était ce paquet de cartes à jouer. Je n’avais pas la moindre ecchymose sur moi, et ma poche n’était pas déchirée, pourtant le quart de pouce supérieur de ces cartes avait été tranché et avait disparu. La coupure était si nette. Comment ils en sont arrivés à être comme ça était un mystère total.”

Bill Foulkes

“Je ne savais pas où j’étais. J’étais toujours assis sur mon siège qui avait été arraché de l’avion. Je pensais que je venais de fermer les yeux. Ensuite, Harry Gregg et Bill Foulkes ont dit que j’avais été inconscient pendant un quart d’heure.”

Bobby Charlton

le hÉros de munich

Décès du "Héros de Munich" Harry Gregg, légende de Manchester United - Tout  le foot | Walfoot.be
Harry Gregg (Crédits : Photo News/ PA Wire/PA Images)

“Il n’y avait pas de cris, pas de bruits, seulement le terrible cisaillement du métal. Quelque chose m’a fissuré le crâne comme un œuf dur. J’ai été de nouveau frappé à l’avant. Le goût salé du sang était dans ma bouche. J’avais peur de mettre mes mains sur ma tête.”

Gregg helped to rescue Vera Lukic (right) and her two-year old daughter (centre) in Munich
Crédits : Popperfoto/ Getty Images

Harry Gregg est le premier à avoir réussi à s’extirper des débrits. Complètement sonné du coup, il aperçoit James Thain, survivant lui aussi, qui lui crie de s’enfuire car l’avion pris dans les flammes était prêt à exploser. Dans le même temps, Harry Gregg entend les cris d’un bébé provenant de l’appareil. C’est alors que dans un élan de courage, il retourne dans les décombres et parvient à retrouver l’enfant du nom de Vesna, ainsi que sa maman Vera Lukic, la femme d’un diplômate Yougoslave.

Le “Héros de Munich” ne s’arrêtera pas là. Aidé par Bill Foulkes, ils retournent dans les débrits et sauvent tour à tour Albert Scanlon, Peter Howard (photographe du Daily Mail), Bobby Charlton, Dennis Viollet, Jackie Blanchflower et Matt Busby, conscient mais se tordant de douleurs avec Roger Byrne, mort à ses pieds.

Harry Gregg a sauvé plusieurs personnes d’une mort certaine. Le gardien Nord-Irlandais a été fait membre de l’Orde de l’Empire Britannique en 1995 en remerciement de ses actes de bravoure et pour tout se qu’il a apporté au football.

Parmi les joueurs qui ont été sauvées, Jackie Blanchflower et Johnny Berry ne retrouveront plus jamais le chemin des terrains de football, ayant subit de trop grandes blessures lors du drame. De son côté, Harry Gregg continuera à jouer et sera même titulaires dans les buts lors du match de FA Cup contre Sheffield Wednesday, le 19 février 1958. Il partira du club en 1966 après avoir porté 244 fois le maillot des Red Devils et y reviendra en tant que membre du staff de Dave Sexton en 1978.

les victimes

Munich Air Disaster: A Tribute to the Flowers of Manchester – SportsJoint
crédits : manutd.com

Dans le club :

  • Roger Byrne, 28 ans, capitaine de l’équipe
  • Geoff Bent, 25 ans
  • Eddie Colman, 21 ans
  • Mark Jones, 24 ans
  • David Pegg, 22 ans
  • Tommy Taylor, 26 ans
  • Liam Whelan, 22 ans
  • Duncan Edwards, 21 ans, décédé 15 jours plus tard à l’hôpital.
  • Walter Crickmer, secrétaire du club
  • Tom Curry, membre du staff
  • Herbert Whalley, ancien joueur et membre du staff

Autres passagers :

  • Alf Clarke, journaliste
  • Donny Davies, journaliste
  • George Follows, journaliste
  • Tom Jackson, journaliste
  • Archie Ledbroke, Journaliste
  • Henry Rose, Journaliste
  • Frank Swift, journaliste
  • Eric Thompson, journaliste
  • Bela Miklos, membre de l’équipage
  • Willie Satinoff, ami de Matt Busby et supporter du club
  • Capitaine Kenneth Rayment, copilote
  • Tom Cable, steward

“keep the flag flying”

Dans cette tragique histoire, Matt Busby a eu de la chance que son plus fidèle assitant, Jimmy Murphy, n’était pas présent dans l’avion ce jour-là car il était en déplacement avec l’équipe nationale du Pays de Galles dont il en était le sélectionneur. Du côté de Manchester United, Murphy réalisait un travail acharné dans la mise en place de l’équipe des jeunes du club, développant et exploitant tout leur potentiel.

Après avoir appris la tragédie qui s’était passée à Munich, le Gallois se rend rapidement sur les lieux afin de donner visite aux survivants qui ont été transportés à l’Hôpital Rechts der Isar. Parmi eux se trouvait Duncan Edwards, conscient et déterminé à rejouer le plus vite possible, qui dit cette fameuse phrase à son entraîneur : “À quelle heure est le coup d’envoi contre Wolverhampton, Jimmy ? Je ne dois pas manquer ce match !”. Duncan décèdera quelques jours plus tard d’une insuffisance rénale.

De son côté, Matt Busby se trouvait dans un état stable mais critique. L’Écossais parvient à trouver l’effort de dire à son assistant cette citation célèbre : “Keep the flag flying”.

Choqué, attristé par ce qu’il vient de voir, Jimmy Murphy décide alors de reprendre le flambeau et de reconstituer une équipe pour terminer cette saison 1957-1958 que tout le monde veut oublier. C’est en misant sur les jeunes de l’équipe réserve comme Alex Dawson, Shay Brennan et quelques nouvelles têtes comme Ernie Taylor ou Stan Crowther, associés à Harry Gregg, Bobby Charlton, Bill Foulkes puis Dennis Viollet quelques semaines plus tard, que Murphy se lance vers un défi de taille.

Pour le premier match depuis le drame, Manchester United réussit un premier exploit en s’imposant 3-0 en FA Cup contre Sheffield Wednesday le 19 février. Le programme habituel de ce match, que l’on pouvait trouver aux abords du stade, présentait un XI vide pour l’occasion, ne sachant pas quels joueurs allaient pouvoir disputer la rencontre.

En championnat, United n’a remporté qu’un seul match et terminera à la 9e place, mais Murphy avait réussi l’exploit d’amener son équipe à Wembley pour la finale de la FA Cup contre Bolton, après avoir sorti tour à tour West Brom puis Fulham dans le dernier carré. Sous les yeux de Matt Busby qui était sorti de l’hôpital, les Red Devils seront défaits 0-2 mais l’exploit d’arriver jusque-là était déjà quelque chose de grand pour le club. En Coupe d’Europe, l’équipe sera sèchement défait par le Milan AC (0-4 à San Siro) après avoir pourtant réussi à s’imposer 2-1 à Old Trafford grâce à des buts d’Ernie Taylor et Dennis Viollet.

Telling them what Jimmy did… it's the most important thing you can tell a  young player who is representing Manchester United," Sir Alex Ferguson told  - Twitter thread from Wayne Barton @WayneSBarton -
Jimmy Murphy amenant son équipe sur la pelouse de Wembley (Crédits : Popperfoto via Getty Images)

On ne parlera jamais de Jimmy Murphy dans le même souffle que des managers comme Alex Ferguson, Matt Busby ou même d’autres qui sont parvenus à obtenir de rares succès triomphants; mais il ne fait aucun doute que sa contribution à Manchester United aura été très importante pour le club qui a été déchiré par ses pertes, et qui n’oubliera jamais l’homme qui a fait flotter le drapeau pendant les jours les plus sombres de son histoire…

Sources : manutd.com, manchestereveningnews.co, dailymail.co, sportsjoe.ie, “L’Encyclopédie officielle de Manchester United” (2011), “Building a Legend, The Busby Years” de Tim Hill, Daily Mail, “Keep the falg flying” de Jimmy Murphy.

Auteurs : Chris & Joff